jeudi 30 septembre 2010

Chronique d'un fait divers

Mainichi (27/08/2010)
Pendant et après l'incendie
A l’aube du 26 août, une maison de deux étages a été totalement détruite par les flammes à Nakatsugawa dans la préfecture de Gifu (岐阜県中津川市). Une fillette de onze ans est morte dans l’incendie et son père ISHIHARA Shigeru, un employé de 48 ans, a été arrêté pour incendie volontaire et homicide. L’homme a reconnu avoir mis le feu mais est resté imprécis quant à ses intentions homicides. Peu après une heure dans la nuit du 26, le suspect a répandu de l’huile pour lampe dans le salon et a mis le feu au futon qui s’en était imprégné au moyen d’un briquet, provoquant la mort de Kasumi, écolière en sixième année. Son corps carbonisé a été retrouvé dans les décombres. L’incendie a totalement détruit l’habitation de 220 m2 des Ishihara et s’est communiqué à deux bâtiments adjacents.
Le même jour, vers minuit, le fils cadet de la maison, rikishi, s’était querellé avec le suspect, son père, à propos de son avenir. Le suspect s’était mis en colère quand son fils lui avait annoncé son désir de quitter le sumô professionnel. "Tu n’abandonneras pas ! C’est la mort de la famille !" s’était-il écrié avant de sortir une bouteille d’huile pour lampe. Le jeune homme avait quitté sa heya de Tôkyô un mois auparavant et été rentré chez ses parents.
Six personnes vivaient dans la maison. Au moment des faits, le père Shigeru, son épouse de 44 ans et leur fils cadet se trouvaient au rez-de-chaussée, la fille aînée (22 ans), le fils aîné (21 ans) et Kasumi se trouvant au premier étage. La fille aînée, le fils aîné et le cadet ont inhalé de la fumée et ont été soignés pour des brûlures. Alerté par le bruit au rez-de-chaussée, le fils aîné est descendu et a prévenu les secours.
Kasumi
D’après les pompiers, Kasumi avait dans un premier temps échappé aux flammes avant de retourner dans la maison pour sauver son chat. "C’était une enfant qui avait un grand sens des responsabilités. Elle était chargée du tableau dans sa classe et l’essuyait toujours avec soin. Quand son enseignant rendait visite au domicile parental, elle avait toujours son chat dans les bras. C’était une enfant gentille et au bon cœur." a déclaré M.HAYASHI Shigeo, le directeur de l’école que fréquentait la fillette.
Le fils cadet de la famille appartient à la Michinoku beya dont le maître, Michinoku oyakata (ancien ôzeki Kirishima) a déclaré au Mainichi shimbun : "Je l’ai appris par la police qui est entrée en contact avec la heya. J’ai été choqué et je n’ai pas pu y croire.".
Au Nagoya basho en juillet, le jeune homme classé en jonidan, après deux victoires et deux défaites, ne s’était pas présenté le dizième jour et avait perdu par forfait. Il avait également été absent pour ses deux derniers combats. "Il ne s’était pas blessé sérieusement. Il était rentré chez lui mais sa famille avait dit qu’il reviendrait à Tôkyô." a précisé Michinoku oyakata.

Mainichi (17/09/2010)
La police a annoncé qu’ISHIHARA Shigeru, arrêté pour l’incendie dans lequel sa fille de onze ans avait péri le 26 août, a disparu le 17 septembre de l’hôptital de Nakatsugawa. Dans les poches d’un de ses vêtements retrouvés sur le pont Enokyô à 8 km de là, on a trouvé quatre lettres d’excuses destinées à sa famille et à son entreprise. La police dirige son enquête vers un suicide par noyade.
D’après la même police, le suspect se trouvait dans sa chambre vers minuit et demi quand l’infirmière lui a changé sa perfusion mais il avait disparu à une heure quand elle a fait sa tournée et la fenêtre de la chambre était ouverte. A l’extérieur de cette fenêtre se trouve un balcon relié à un escalier d’urgence.
ISHIHARA Shigeru, dont l’état de santé s’était détérioré, avait été conduit à l’hôpital le 11 septembre. En raison des risques d’hémorragie cérébrale, sa détention avait été suspendue le 12 et il avait été hospitalisé. Elle devait reprendre après l’obtention des résultats des examens.

Chûnichi (23/09/2010)
ISHIHARA Shigeru, suspecté d’incendie volontaire et d’homicide et qui s’était évadé cinq jours auparavant de l’hôpital de Nakatsugawa, a été arrêté dans un parc de la ville le 22 septembre. Lors de son évasion, il avait laissé des lettres d’adieux mais il n’avait aucune blessure apparente.
D’après la police, ISHIHARA Shigeru se cachait dans les toilettes publiques du parc lorsqu’il a été découvert par un policier. Il portait un T-shirt bleu marine et un pantalon de travail différents de ceux qu’ils portaient au moment de son évasion et avait 3300 ¥ en poche.
Dans la soirée du 21, il avait appelé sa femme d’un téléphone public pour s’excuser des ennuis qu’il causait à tout le monde. La police avait alors concentré ses recherches sur la ville même.

La police cherche maintenant qui lui a fournit de nouveaux vêtements.

Asahi (27/09/2010)
Dans sa déposition à la police, ISHIHARA Shigeru a déclaré que c’était sa femme qui lui avait fournit les vêtements et l’argent qu’il avait sur lui lors de son arrestation. Puisqu’elle est une parente, l’épouse ne sera pas poursuivie.
Le 24, le bureau du procureur a mis en accusation ISHIHARA Shigeru pour incendie volontaire de bâtiment inoccupé. Les charges concernant l’homicide sur la personne de sa fille de onze ans morte dans l’incendie ont été abandonnées faute d’éléments suffisants provant l’intention de tuer. Il ne sera pas non plus poursuivi pour son évasion qui a eu lieu alors que sa détention était suspendue.


Ces articles sont parus dans les pages fait divers de la presse japonaise. Le sumô y est présenté comme catalyseur mais semble aussi secondaire. Dans sa première version du 26 août, jour du drame, le dernier paragraphe, qui apporte des détails relatifs au sumô, ne figure pas dans l’article du Mainichi. Dans les deux versions, à part une fois, il est fait mention du jeune rikishi en tant que "fils cadet" et à aucun moment son shikona n’est donné. Dans les articles suivants, il n’en est plus du tout question.
Ce jeune rikishi est Takamine (高峰, E-Jd38, Michinoku), dont le vrai nom est ISHIHARA Masanobu et qui a fait ses débuts au Kyûshû basho 2007. Depuis que cette tragique affaire a commencé, il a déclaré forfait pour l’Aki basho et on pouvait s’attendre à voir son nom parmi les intai du Kyûshû basho. Il n’y est pas mais il lui sera sûrement très difficile d'assumer ces évènements et de retourner sur un dohyô.

Remise des diplômes

La cérémonie de remise des diplômes de l'Institut de formation du sumô a eu lieu au Ryôgoku Kokugikan. Les shindeshi des promotions 314 de janvier 2010 et 315 de mars 2010 ont officiellement reçu leur diplôme en présence notamment de Hanaregoma rijichô et de M. NUNOMURA Yukihiko (布村 幸彦), chargé des sports et de la jeunesse au Monbushô. Musashigawa oyakata, le directeur de l'Institut, les a félicités et encouragés : "A l'avenir, continuez à respecter les règles de bienséance et à vous comportez correctement en toutes circonstances.".

Sponichi

Heisei, jûryô, Philippines et famille

Takayasu et Masunoyama ont plus à partager qu’une année de naissance et une promotion simultanée en division jûryô (ici). L’un et l’autre ont un père japonais et une mère philippine. Et tous deux sont très proches de leur famille.
Chiharu/Tokosen,
Tomoharu/Masunoyama
et maman/Maria-Cristina
Masunoyama a vécu aux Philippines d’avril 2005 à mai 2006, dans une extrême pauvreté. De retour au Japon avec sa mère, Maria-Cristina (49 ans), il est entré à la Chiganoura beya. Après chaque tournoi, il envoyait 30.000 ¥ (environ 270€) à sa grand-mère maternelle. "Ma grand-mère n’est pas en bonne santé, je vais pouvoir envoyer davantage d’argent maintenant." se réjouit-il après sa promotion. Son frère cadet, Chiharu, 18 ans et trop petit pour devenir rikishi, est le tokoyama Tokosen/床千 de la Chiganoura beya. Il a débuté au Haru basho 2009.
Maman/Pipilita, Akira/Takayasu
et papa/Eiji

La mère de Takayasu, Pipilita (49 ans) est également Philippine. Il y a quatre ans, son père, Eiji (60 ans), a souffert d’un cancer d’un rein dont il a dû subir l’ablation. Il a également dû renoncer à son travail. Takayasu a toujours pu compter sur le soutien de ses parents qui l’ont aidé à s’habituer à la vie de rikishi. Pour lui aussi, la promotion en division salariée est la possibilité de leur témoigner sa gratitude et de leur offrir une vie plus confortable.

Sanspo, Hochi, DailySports

Au début des années 80, le nombre de femmes originaires d'Asie de sud-est venues travailler au Japon s'est soudainement accru avant de diminuer au début de l'ère Heisei (1989-).