lundi 23 juillet 2012

Nagoya basho 2012 : Harumafuji, le lendemain matin

L'ôzeki Harumafuji, auteur d'un zenshô yûshô hier, a donné la traditionnelle conférence de presse du lendemain matin dans les locaux de l'Isegahama-beya, arrondissement de Mizuho à Nagoya (名古屋市瑞穂区) : "Je suis soulagé. Je sens encore la tension et l'excitation. Je suis heureux que tout ce que j'ai donné sur le dohyô ait abouti au zenshô yûshô. Jusqu'à maintenant, j'en avais entendu parler, j'en avais vus, mais de l'avoir accompli moi-même m'a fait comprendre à quel point c'est une chose incroyable.". Pendant le tournoi, afin de conserver son énergie, il s'est nourri chaque jour de viande grillée (yakiniku/焼き肉) et en plaisante : "Je vais m'en passer pendant un petit bout de temps.".
Pour ce dernier combat décisif d'un zenshô yûshô, cas de figure qu'on n'avait pas vu depuis 29 ans, il a fait montre de sa rapidité caractéristique et défait le yokozuna : "Je me donnais 30 à 40% de chances de gagner. Mais en tout cas, victoire ou défaite, je voulais que le combat soit long.".
Hier soir, il a fêté ça avec ses sponsors et supporters : "Les gens de mon club de supporters sont venus et on a bu, on s'est amusés. Et puis je suis allé me coucher tranquillement.".


Pour la toisième fois de sa carrière, Harumafuji briguera la tsuna à l'Aki basho. L'an dernier, il souffrait de la région fessière et n'était pas allé plus loin que le kachikoshi : "Je ne m'étais pas tout à fait remis des fatigues du Nagoya basho mais je veux tirer profit de mon expérience. A partir d'aujourdhui, je commence à me préparer à affronter ce prochain tournoi et je veux m'endurcir moralement et physiquement en travaillant dur jour après jour.". Chaque année après le Nagoya basho, il retourne en Mongolie. Mais cette fois, dès cette semaine, il va rejoindre le camp d'entraînement de la heya, à Yûbari dans la préfecture de Hokkaidô (北海道夕張市) : "Je vais faire tout ce qui est en mon pouvoir. Après, je m'en remets au destin. Je veux saisir la chance qui m'est offerte.". Si ce n'est la chance, les chiffres lui sont au moins favorables : sur les huit ôzeki qui ont réussi un zenshô yûshô depuis l'instauration des tournois à quinze journées en 1949, sept sont devenus yokozuna, dont Takanohana et Hakuhô.

TSURUTA Takuhiko/鶴田 卓彦, directeur du yokoban qui s'est réuni aujourd'hui au Ryôgoku Kokugikan à Tôkyô, a justement précisé les conditions posées à la promotion de Harumafuji au rang de yokozuna. Ces conditions ont été rapportées diversement par la presse en ce qui concerne le cas d'un yûshô :
première version : "En cas de yûshô, il n'y aura pas de problème.",
deuxième version : "En cas de yûshô à 14 victoires, on en débatera.".
Pour le reste : "En cas de jun'yûshô (deuxième meilleur score), on examinera attentivement la question à partir de 13 victoires.".
Autrement dit, seul un zenshô yûshô assurerait à Harumafuji une promotion et, en tout état de cause, il lui faut un minimum de 13 victoires pour qu'elle soit envisageable.
En fixant ces conditions, le yokoban, bien qu'ayant apprécié à sa juste valeur le zenshô yûshô et la manière dont il a été remporté, "Il s'est battu jusqu'au bout avec courage alors qu'il n'a pas le physique le plus imposant", avait en mémoire le 8-7 du Natsu basho et tient à s'assurer du bien-fondé sur la durée d'une éventuelle promotion (irréversible pour une yokozuna). "Son mauvais 8-7 du Natsu basho a pesé sur notre décision. Il serait embarrassant qu'après une promotion, il retombe à 10-5.".
SAWAMURA Tanozuke (沢村田之助 , acteur de kabuki), membre du yokoban, a été plus catégorique : "Avec 13 victoires, sans yûshô, ça ne sera pas possible.".
Toujours par la voix de TSURUTA Takuhiko, le yokoban a épinglé le yokozuna Hakuhô et notamment sa henka du quatorzième jour face à Kisenosato : "On a l'impression qu'il n'est plus à son meilleur niveau. Il n'a pas beaucoup perdu, mais il n'a pas eu la vigueur offensive d'avant. Et une henka, ça ne va pas du tout. Les san'yaku et mieux classés doivent accepter le combat, quel que soit l'adversaire.".