mercredi 18 mai 2011

Tournoi d'évaluation de mai : makushita - Takanoyama, le salaire de la peine

Takanoyama-Tsurugidake
Alors qu'en ce neuvième jour l'attention était focalisée sur le Brésilien Kaisei, le petit nouveau de la division makuuchi invaincu, un autre étranger accomplissait son propre exploit. Takanoyama (隆の山, 28 ans, Naruto, E-Ms2) est tchèque, de Prague exactement. De son vrai nom Pavel BOJAR, il est arrivé au Japon il y a presque 10 ans, âgé de 18 ans. Depuis, il n'est pas retourné une seule fois dans son pays : « Je veux y retourner quand je serai en division jûryô. Je suis venu au Japon de moi-même parce que je voulais faire du sumô. Alors le plus dur ce n'est pas de ne pas pouvoir rentrer mais de ne pas réussir. ». Car si la tendance pour les rikishi étrangers est une montée rapide, Takanoyama, qui a fait ses débuts au Kyûshû basho 2001, atteint son niveau maximal dans ce tournoi, son 57ème. Il a eu une paire d'occasions de devenir sekitori mais n'en a pas profité. Cette fois, dans ce tournoi aux conditions de promotion particulières, il a saisi sa chance et en ce neuvième jour, grâce à une troisième victoire obtenue sur Tsurugidake, dans un combat où il était surclassé en division jûryô, il s'est quasiment réservé une place dans l'ascenseur vers le statut de sekitori.
Takanoyama
Takanoyama, c'est aussi un physique hors des normes du sumô actuel. A son arrivée, il mesurait 1,85m et pesait 88kg et ce n'est qu'en 2010 qu'il a été pesé à plus de 100kg. Malgré tout, il reste atypique, tout en muscles, un corps de statue grecque (ndlr : ギリシャ彫刻 dans le texte).
Plus que quiconque, Takanoyama connaît le sens du mot effort : « Ce tournoi, c'est le fruit de tous les efforts que j'ai fourni jusqu'à maintenant, les entraînements avec les aînés, et tout le reste. Je veux être promu, pour moi et pour les autres. Et après je veux retourner dans mon pays. ». Il est plus japonais que les Japonais et il peut compter sur les encouragements de son collègue Wakanosato/若の里 : « Ça fait longtemps qu'il supporte les épreuves. Il rêve de rentrer en tant que sekitori. J'espère qu'il montera vite. ».
Ses parents ont divorcé quand il avait trois ans il a été élevé par sa mère, Jana, qui lui a fait commencer le jûdô à sept ans. Il a eu sa première expérience du sumô dix ans plus tard. La fédération tchèque de sumô recrutait des membres pour l'équipe qui devait participer aux Championnats du monde junior au Ryôgoku Kokugikan. Bien que débutant, il a pris la troisième place en catégorie poids léger. A l'époque, le président de la NSK était Naruto oyakata qui lui a dit : « Deviens sekitori et tu rentreras couvert de gloire au pays. » et l'a recruté.

Myôgiryû-Takanoyama
Trois victoires lui aurait probablement suffit pour une promotion mais Takanoyama voulait le kachikoshi : « Le tournoi n'est pas fini. ». En effet. Le onzième jour, il a battu Myôgiryû, beaucoup moins bien que lors des tournois précédents, et obtenu le kachikoshi : « J'aurais voulu être plus offensif mais je suis ravi d'avoir gagné. ». Plus de doute, le sekitori Takanoyama va bientôt pouvoir traverser le pont Charles en kimono et mage : « C'est grâce à mon oyakata et à l'okamisan. Dix ans, ça a été long. Au prochain tournoi ? Je dois monter encore. Ce serait terrible de redescendre après un seul tournoi. ». Il devra aussi continuer sa lutte personnelle pour grossir : « J'ai grossi mais ce n'est pas encore suffisant. J'aimerais atteindre les 120 kg. ».

Sponichi, Chunichi, Jijicom, Nikkan, Sanspo