jeudi 4 février 2010

Hakuhô pleure aussi

Dans la soirée, Hakuhô, l'autre yokozuna, enfin le seul maintenant, a parlé aux journalistes rassemblés à la Miyaginobeya. Il n'a pas caché son émotion, et n'a pas pu retenir ses larmes. Il a appris la nouvelle par un proche de sa heya et regardé la conférence de presse à la télévision.
"C'est réel mais je ne veux pas y croire. Nous avons la même origine alors c'était un repère. C'est un honneur que d'avoir combattu en même temps que lui. C'est le yokozuna qui m'a servi de moteur. Il lui restait encore beaucoup à faire, non ? J'ai envie de lui dire de ne pas oublier le monde du sumô. (A propos des deux combats qui les ont opposés lors des danpatsu-shiki d'Ôtsukasa et Ushiomaru le week-end dernier.) J'ai eu l'impression qu'il n'était pas comme d'habitude. (Son meilleur souvenir) La première fois que je l'ai battu [Kyûshû basho 2004] m'a laissé la plus forte impression."

Quelques réactions :
Tamanoi oyakata, ancien ôzeki Tochiazuma : (Il garde en mémoire sa victoire sur le yokozuna le 13ème jour du Haru basho 2005. Il avait alors interrompu la série de victoires d'Asashôryû à 27.) Arrêter de cette façon, je trouve ça vraiment regrettable. En voyant ses larmes pendant la conférence de presse, j'étais très ému. (Il faisait partie de la comition d'enquête de la NSK.) Je ne peux pas en parler en détails mais j'ai senti un malentendu avec la presse. En tout cas, j'aurais aimé le revoir une fois se donner sur le dohyô.

Kisenosato : (Lors de leur rencontre du Hatsu basho, il a tenté d'intimider le yokozuna du regard, en vain.) Il avait un sens de l'intimidation et une énergie que je n'avais pas encore rencontrés.

Kokonoe oyakata, ancien yokozuna Chiyonofuji : On en est arrivés à ce résultat en raison des nombreux problèmes qu'il a déjà causés. C'est dommage. C'était très courageux de sa part de prendre ses responsabilités et de choisir de lui-même de se retirer.

Takanohana oyakata n'a pas souhaité faire de commentaires.

Asashôryû s'en va !

On s'y attendait, on spéculait depuis plusieurs jours. Après s'être présenté devant les riji, le yokozuna Asashôryû a annoncé ce qui est de toute façon un évènement considérable pour le sumô professionnel : il se retire des dohyô.
Voici les propos que lui et Takasago oyakata ont tenu devant la presse.

Q : Quelles sont les circonstances qui ont conduit à une intai aujourd'hui?
Takasago : Après que l'incident se soit produit, une chose en a entraîné une autre, on se demandait comment ça allait évoluer et on est arrivé à aujourd'hui. J'ai parlé avec Asashôryû et finalement, il m'a permis de dire aux riji qu'il était disposé à se retirer et ils ont accepté.

Q : Vous aviez l'intai en tête ?
Takasago : Oui, quelque part.

Q : Vos conversations avec le yokozuna?
Takasago : J'ai dit à Asashôryû qu'à bien des égards il ne pouvait plus se présenter devant la NSK ou le public. Il était tiraillé, mais je suis content que ce soit lui qui ai dit "Je me retire".

Q : Quel est l'état d'esprit du yokozuna ?
Asashôryû : Et bien, je ne pense à rien pour l'instant. J'ai reçu le soutien de nombreuses personnes et mes sentiments pour le sumô sont profonds. Alors je suis assis sur cette chaise et je sens le poids de ma responsabilité.

Q : Quand avez-vous décidez de vous retirer ?
Asashôryû : J'ai parlé avec mon maître et j'ai commencé à penser à l'intai.

Q : Quel genre de conversations ?
Asashôryû : Si ça c'était passé ou pas, si j'avais frappé ou pas. Sur la responsabilité que je ressens en tant que yokozuna, sur l'embarras dans lequel j'ai mis tout le monde.

Q : Quelles explications avez-vous données aux riji ?
Takasago : On a parlé de l'incident, on nous a posé des questions. Les riji voulaient connaitre tous les faits mais comme Asashôryû ne se souvient pas de tout, il n'a pas pu répondre à toutes les questions. Les médias avaient déjà parlé de tout et nous, nous sommes passés derrière. Nous pouvions juste apporter quelques informations. Bien sûr, ça compte de dire comment les choses se sont passées, mais Asashôryû n'a pas vu les choses comme ça. La responsabilité en tant que yokozuna, les ennuis causés, c'est ce qui a été le déclencheur pour lui. Et pour moi aussi. Pris dans cette spirale, on a senti que l'intai s'imposait.

Q: Avant de venir aujourd'hui, vous pensiez à la possibilité de l'intai ?
Asashôryû : Pour être honnête, je me suis demandé comment tout ça allait tourner. Mais il y a une grande différence entre ce qui s'est réellement passé et ce qui a circulé dans les médias. Donc jusqu'à la fin, j'attendais de voir un peu comment la situation allait évoluer. Mais oui, finalement j'ai pensé à la possibilité de l'intai aujourd'hui.

Q : Pourriez-vous expliquer ce qui était faux dans ce qui a été dit ?
Asashôryû : C'est terminé, je ne tiens pas à parler de ça.

Q : Dans quel état d'esprit étiez-vous quand vous avez décidé de vous retirer ?
Asashôryû : Je savais que ce jour-là arriverait tôt ou tard. Mais je voulais que ce soit ma décision. Je n'avais pas imaginé qu'il y aurait cet incident. Je n'ai rien à ajouter.

Q : Vous vous sentez soulagé ?
Asashôryû : Oui. Je veux prendre un peu de repos.

Q : Vous avez remporté 25 yûshô, vous aviez encore confiance en vous, physiquement et psychologiquement. Comment vous sentez-vous de quiter le sumô dans cet état de forme ?
Asashôryû : Je me dis que c'est peut-être mon destin.

Q : A propos de la dignité du yokozuna, au sujet de laquelle on vous a toujours mis en cause ?
Asashôryû : Tout le monde me parle de dignité. Mais quand je montais sur le dohyô, c'était avec loyauté et intégrité, je devenais un vrai démon, je mettais toute mon énergie.

Q : Vous êtes-vous toujours efforcé de devenir un yokozuna sans problème ?
Asashôryû : J'ai remporté 25 yûshô et sur le plan du sumô je n'ai rien à me reprocher. Je n'ai pas encore fait le ménage dans ma tête.

Q : En regardant en arrière, que pensez-vous du monde de l'ôzumô ?
Asashôryû : Dans un tournoi de sumô lycéen j'ai été classé troisième et, suite à un coup de fil de l'oyakata, j'ai commencé le sumô professionnel. Je lui suis reconnaissant de tout ce qu'il a fait pour moi. J'ai pu devenir un grand lutteur [Asashôryû utilise le terme osumôsan], ... Si je repense à tout ça, ce sont des souvenirs extraordinaires. Ma vie est encore longue, j'ai 29 ans. Je suis curieux de savoir jusqu'où je peux aller. Je veux regarder dans cette direction et y consacrer tous mes efforts.

Q : Votre souvenir le plus fort ?
Asashôryû (qui pleure) : Certainement quand j'ai battu le yokozuna Musashimaru devant mes parents [Natsu basho 2001]. J'étais san'yaku pour la première fois, j'avais invité mes parents pour la première fois, ils étaient assis à côté du dohyô et j'ai battu Musashimaru, ce formidable yokozuna. J'y pense avec fierté. Je ne vois rien d'autre.

Q : Qu'est-ce qu'un yokozuna ?
Asashôryû : Ce n'est pas ça ?

Q : Que rêvez-vous de faire maintenant ?
Asashôryû : Franchement, je veux me reposer. Je veux me reposer jusqu'à ce que les choses soient éclaircies dans ma tête. J'ai subi un gros dommage moral, j'ai été souvent soumis à beaucoup de pression. Alors là, je veux mettre de l'ordre dans mes pensées et me reposer.

Q : Parmi vos nombreux élèves, de quel genre est Asashôryû ?
Takasago : Lui c'est lui.


Q : C'est un élève que vous n'oublierez pas ?
Takasago : C'est certain, je ne l'oublierai pas. Je ne peux pas l'oublier.

Q : Quel genre de personne est votre maître Takasago oyakata ?
Asashôryû : Il a vraiment été un second père pour moi, et je lui suis très reconnaissant. Nous avons Kochi en commun [région d'origine de Takasago oayakata et Asashôryû est allé au lycée là-bas en arrivant au Japon]. J'ai toujours su que quand il y a une rencontre, il y a une séparation à un moment ou un autre. En tant que personne, il est vraiment très bien, l'okamisan aussi. Et je remercie également beaucoup tous les jeunes qui m'ont aidé à mettre ma tsuna.

Q : Vos souvenir le plus marquant en tant que yokozuna ?
Asashôryû : J'ai perdu, j'ai gagné. Mais je ne vois rien en particulier à cet instant.

Sources : Asahi, Yomiuri

Hatsu basho 2010 : intai

Mise à jour de la liste des rikishi qui se sont retirés pendant ou après le Hatsu basho, dont la première version a été publiée par la NSK le 27 janvier, juste après le tournoi.

Hatsu basho 2010 : intai (27 janvier 2010)
Annonce Rang Shikona Heya Nom Né le Débuts Maximum
04/02/2010 O-Y Asashôryû 朝 青龍 Takasago DOLGORSUREN Dagvadorj 27/09/1980 01/1999 E-Y
27/01/2010 O-Ms58 Aoba 青 馬 Isegahama KANEHIRA Ryûsei 14/09/1978 01/1997 E-Ms9
E-Sd16 Ryûyô 笠洋 Kitanoumi KATO Masayoshi 31/01/1981 03/1996 E-Ms13
E-Sd33 Satsukiumi 薩喜海 Sakaigawa HASHIMOTO Takao 24/05/1980 01/1999 E-Ms17
O-Sd33 Satsumanishiki 薩摩錦 Matsugane HARUYAMA Ryûji 29/10/1976 03/1992 O-Ms36
O-Sd65 Arashiumi 嵐 潮 Azumazeki KUBOTA Hikaru 31/10/1986 03/2005 O-Ms44
E-Jd42 Tochihibiki 栃響 Kasugano ÔSAKA Ryô 11/07/1988 03/2004 E-Jd3
O-Jd54 Chiyofubuki 千 代吹雪 Kokonoe NAKAGAWARA Masaya 06/03/1977 05/1992 O-Ms51
O-Jd56 Raihô 雷 鳳 Isegahama ÔHARA Yôhei 25/05/1987 01/2004 E-Sd50
O-Jd60 Watagawa 綿川 Michinoku WATAGAWA Hironobu 06/09/1989 03/2008 E-Sd100
O-Jd86 Shishiô 師子王 Hakkaku NOGUCHI Masaki 04/07/1978 03/1994 O-Ms1
O-Jd98 Tsubasaumi 翼湖 Kitanoumi KIMURA Tsubasa 11/11/1989 03/2005 O-Ms60
O-JkJk14 Kawasaki 川崎 Oguruma KAWASAKI Motohiro 18/11/1986 09/2009 O-Jk14
O-Jk18 Katô 加藤 Musashigawa KATÔ Ryûya 04/05/1993 05/2009 O-Jk18
E-Jk19 Akitomo 安芸友 Musashigawa AKITOMO Masato 13/09/1993 03/2009 E-Jk19
E-Jk23 Higashi Shikoroyama HIGASHI Takuma 08/06/1990 05/2006 O-Jd84
E-Jk27 Kotonishizuka 琴西塚 Sadogatake NISHIZUKA Ryôma 09/04/1993 11/2009 E-Jk27
O-Jk27 Tôbaru 唐原 Hanaregoma TÔBARU Tomokazu 25/12/1989 11/2009 O-Jk27
BG Nanbu 南部 Hakkaku NANBU Ryûki 27/08/1989 03/2008 O-Jd95
Shôgô 翔剛 Nishonoseki TSUKAMOTO Shingo 02/05/1989 03/2007 O-Jd31
22/01/2010 O-Ms54 Daimanazuru 大真鶴 Asahiyama ÔMAE Kenji 16/01/1977 05/1992 O-M16
O-Ms27 Tamarikidô 玉 力道 Kataonami YASUMOTO Hideki 19/04/1974 03/1997 E-M8
13/01/2010 E-S Chiyotaikai 千 代大海 Kokonoe HIROSHIMA Ryûji 29/04/1976 11/1992 O-O1

Nanbu (à droite de l'oyakata sur la photo de gauche) est une des neufs recrues entrées à la Hakkaku beya au Haru basho 2008. C'est le quatrième à quitter le sumô depuis.
L'arrivée de Kotonishizuka en novembre  dernier avait été médiatisée, Sadogatake oyakata à l'appui (à droite). Il n'aura fait que son maezumô.

NSK

E: est M : makuuchi Ms : makushita Jd : jonidan Y : yokozunaS : sekiwakeBG : banzuke-gai
O : ouest J : jûryô Sd : sandanme Jk : jonokuchi O : ôzekiK : komusubi