mercredi 8 septembre 2010

La brève carrière de Tokushima

Tout nouveau
à la Shikihide
L’histoire de Tokushima (徳島, TANAKA Tsukasa/田中 司) avait attiré une attention admirative et compatissante de la presse lorsqu’il avait obtenu le kachikoshi au Nagoya basho, son premier tournoi (ici). Le jeune garçon de 15 ans avait alors déclaré : "Tant que je verrai, je resterai sur le dohyô. Si tout le monde s’y met, on pourra faire changer le monde du sumô.". Hélas, le 30 août, son maître Shikihide oyakata a notifié à la NSK l’intai de son jeune deshi. Tokushima souffre d’une maladie héréditaire et incurable qui lui fait perdre progressivement la vue et son état s’est aggravé.
En décembre dernier, le champ visuel de son œil gauche s’est recouvert d’une sorte de brouillard. Les médecins de l’hôpital universitaire de Kagawa lui ont alors diagnostiqué une maladie (neuropathie optique) de Leber. Le verdict sans appel est tombé : "Il n’y a pas de traitement. Nous ne savons pas quand vous perdrez la vue.".
TANAKA Tsukasa, qui pratiquait ce sport depuis 8 ans, était alors membre de l’équipe de baseball de son collège. Il avait été invité à rejoindre le lycée Sangawa (寒川高校) qui a participé aux Kôshien (甲子園, LA rencontre nationale lycéenne de baseball et le rêve de TANAKA Tsukasa) de l’été 2009. Refusant dans un premier temps le diagnostic, il est resté résolu à continuer son sport de toujours et s’est mis à chercher un traitement sur internet. En mars, alors qu’il faisait la tournée des hôpitaux, M. MAEDA, acuponcteur dans une clinique de Daitô dans la préfecture d’Ôsaka, lui a suggéré d’essayer le sumô et a parlé de lui à Shikihide oyakata (ancien komusubi Ôshio/大潮), dont il soutient la heya depuis longtemps. L’oyakata a aussitôt fait le déplacement.
Finalement obligé d'abandonner son premier rêve, TANAKA Tsukasa est frustré : "Je veux pratiquer quelque chose au plus haut niveau.". Mais avec une vision d'1 à l’œil gauche et de 3 à l’œil droit, le jeune homme est aussi hésitant. Shikihide oyakata trouva les mots pour le persuader : "C’est justement parce que tu as ce handicap que tu dois relever ce défi et t’accrocher à un rêve une fois encore.". C’est ainsi qu'il est entré dans le sumô professionnel et à la Shikihide-beya en avril. Il versa des larmes mais son maître sut le réconforter : "Nous avons tous pleuré de nombreuses fois. Ca rend un rikishi plus fort.". Il y avait aussi le scandale des paris illégaux et le désormais Tokushima n’avait pas mâché ses mots : "Je suis venu à Tôkyô pour consacrer ma vie au sumô alors que je suis malade. Alors je ne comprends pas qu’on trempe dans ce genre d’affaires.".
Au Nagoya basho, en voyant son shikona dans le banzuke il s’était promis : "Tant que je pourrai monter sur un dohyô, mon objectif sera de devenir yokozuna.". Son premier kachikoshi pour son premier tournoi lui avait ouvert les portes de la division jonidan. Mais son parcours s’arrête là. "Je vais me soigner et entrer dans une école pour aveugle. Je veux devenir acuponcteur, comme l’homme qui m’est venu en aide." a-t-il exposé ses nouveaux projets.

Yomiuri, Shikoku shimbun

Kaiô, avec prudence

L’ôzeki Kaiô (38 ans, Tomozuna), classé O-O2 et kadoban à l’Aki basho, a commencé les entraînements avec les sekitori. Il a livré trois combats contre le rikishi de jûryô Kaisei (魁聖, 23 ans, E-J4),  lors desquels il a intentionnellement utilisé sa gauche, s’assurant de l’état de son épaule blessée lors du Nagoya basho : "J’ai encore mal. Je veux éviter que ça ne s’aggrave.". Il reste donc prudent et ne tient pas à forcer.

Nikkan

Paris illégaux : les sanctions des riji

Les rijichô
Sadogatake
Les riji se sont comme prévu réunis en session extraordinaire au Ryôgoku Kokugikan. En s’appuyant sur les recommandations faites le 6 par le comité spécial, ils ont décidé de nouvelles sanctions concernant l’affaire des paris illégaux.
Matsugane oyakata est rétrogradé de deux rangs et passe de iin (委員) à hiradoshiyori (平年寄, oyakata sans fonction effective au sein de la NSK). On lui reproche ses liens avec le crime organisé (forces antisociales pour reprendre les termes japonais) au moins par la location à Ôsaka de locaux d'hébergement pour sa heya pendant le Haru basho appartenant à des gens liés au crime organisé.
La même sanction est appliquée à Sadogatake oyakata, considéré responsable des fautes de son ancien rikishi Kotomitsuki.
Matsugane,
Matsutani (en violet),
Wakarikidô
Matsutani et Wakarikidô, les rikishi de la Matsugane beya dont l’implication dans les paris illégaux a été mise à jour par la police et qui n’ont pas passé d’aveux spontanés, échappant ainsi à la première vague de sanctions, écopent de deux tournois de suspension.
Furuichi, rikishi de sandanme, et Tokoike, tokoyama (coiffeur), de l’Ônomatsu beya reçoivent le même châtiment que Kotomitsuki, à savoir le licenciement (kaiko/解雇). Intermédiaires entre les parieurs et les organisateurs de paris, ils sont parmi les plus fortement impliqués. Le frère aîné de Furuichi, lui- même ancien rikishi, a été arrêté dans le cadre de l’enquête menée sur le chantage exercé sur Kotomitsuki.
Quant à Sanoyama oyakata, ancien ôzeki Chiyotaikai, sa mise en cause par un hebdomadaire n'a pas été jugée assez fondée. Il est donc blanchi.
Hanaregoma rijichô a déclaré que dans l’immédiat on pouvait considérer l’affaire comme close. Dans l’ensemble, les sanctionnés déclarent accepter leur sort comme une conséquence naturelle de leurs actes et comptent bien faire de leur mieux pour se réformer.

Mainichi