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Juste avant le grand départ |
Nicholas TARASENKO quittera la Grande-Bretagne le 19 juin pour le Japon et plus précisément la Minato-beya et l'aventure du sumō professionnel. À bientôt 16 ans, 1,90 m/120 kg, il vient de terminer sa scolarité obligatoire, échéance qu'il attendait afin d'intégrer la Minato-beya qu'il connaît bien puisqu'il profite des congés scolaires pour venir s'y entraîner depuis un an déjà.
Nicholas TARASENKO a commencé le jūdō à 6 ans et a également joué au rugby. Son premier contact avec le sumō, qui s'avèrera être également un moment décisif, remonte à mai 2023 : "Je suis allé en Estonie (dont son père Georgi est originaire) pour rendre visite à ma grand-mère. Mon père connaît un ancien lutteur de sumō qui a atteint le deuxième plus haut grade (ancien ōzeki Baruto/把瑠都) et qui organise un tournoi tous les ans. J'y suis allé et j'ai gagné (-18 ans, 90kg). Mes adversaires étaient difficiles et je me suis surpris moi-même. J'ai compris que le sumō était le sport pour moi.". Il réitèrera d'ailleurs avec succès l'année suivante accompagné de son jeune frère David revenu lui aussi avec des médailles.
En mai 2024, alors au Japon avec son père, il fait la connaissance de Minato oyakata (湊親方, ancien maegashira Minatofuji/湊富士) lors de la fête de fin de tournoi de la heya. Le maître fut impressionné par son gabarit et le jeune garçon exprima de son côté son souhait de devenir professionnel. Il est depuis revenu plusieurs fois au Japon pour participer aux entraînements de la heya. "On ne peut pas communiquer (il ne parle pas japonais), tout se fait par gestes et positionnements." explique alors le maître. La ferveur du jeune Britannique lui a néanmoins assuré la place libre de l'étranger de la heya. Hormis ce problème de langue, mais Nicholas TARASENKO a entre temps commencé l'étude du japonais, même le maître ne voit aucun obstacle à l'adaptation de son nouveau disciple. D'autant que l'adolescent britannique aime la nourriture japonaise, source potentielle de tracas pour les apprentis rikishi étrangers.
Nicholas TARASENKO débutera après une période de stage de 6 mois, soit le plus tôt possible en 2026. D'ici-là, il se familiarisera avec la culture japonaise et celle du sumō professionnel : "On m'a offert une grande chance et j'ai l'intention de donner tout ce que j'ai. J'espère atteindre les premiers rangs.".
Son père Georgi Zilkin (47 ans, propriétaire de bar karaoke) : "Je n'y crois toujours pas. C'est extraordinaire. Je n'en avais même jamais rêvé. Je crois qu'il a assez d'enthousiasme pour aller loin. Il est allé s'entraîner au Japon pendant toutes les vacances scolaires et il a appris le japonais. Il est vraiment très investi."
Scott Findlay, président de British sumo, à la tête de l'équipe britannique de sumō, a entraîné son jeune compatriote avant son départ pour le Japon : "Il est le deuxième à se voir offrir une place dans une heya et le premier c'était en 1989. Tant qu'il se préservera des blessures, je ne vois aucune raison pour qu'il n'atteigne pas les plus hauts rangs. Dès le premier jour, il était clair que Nicholas avait quelque chose d'incroyablement rare. Pas seulement son talent naturel mais un instinct profond du sumō et un niveau de discipline et de concentration au-delà de son âge."
Mise à jour du 17 juin : entretien téléphonique avec le Telegraph
Nicholas TARASENKO :
[À propos de son avenir après sa période de stage] "Je deviendrai professionnel et resterai au Japon pour toujours."
[À propos de son gabarit déjà impressionnant, sachant qu'il vise les 150 kg à la mi-vingtaine] "Je dois encore beaucoup augmenter. Je mange facilement. Je faisais 80 kg l'an dernier, j'ai adopté un régime à 6000 calories par jour et je suis arrivé à 120 kg."
[À propos du rituel karaoke] "Comme je viens d'Angleterre, ils veulent que je chante les Beattles. Donc, je m'entraîne tous les jours."
[À propos de le dureté de la vie en heya et des mésaventures de Nathan Strange voire plus récemment du Canadien Brodick Henderson/Homarenishiki] "Je suis pressé de voir comment mon caractère va évoluer, comment ma mentalité va changer dans un environnement aussi dur. Ma heya a été très gentille et accueillante jusqu'à maintenant. Ils sont durs à l'entraînement mais ce genre de scandale n'arrivera pas là-bas." Son père ajoute : "Ça peut arriver n'importe où. Si vous avez peur des loups, n'allez pas en forêt cueillir des baies, vous voyez ce que je veux dire ? Mais vous avez besoin des baies, vous devez vivre votre vie. Mais, non, je ne suis pas inquiet, il s'entraîne déjà de longues heures et les gens qui s'occupent de lui sont très gentils."
[À propos de la réaction de ses camarades d'école] "Pour être franc, je n'ai pas vraiment d'amis à l'école. Ça ne me tracasse pas trop, personne n'est de bonne influence à l'école. Je me suis fait des amis à la heya mais je garde mes distances."
[À propos du sumō] "Il n'y a pas vraiment de sport comme le sumō. Ce n'est pas comme la boxe, le jūdō ou le jiu-jitsu qui sont tous similaires. Mais au sumō, l'objectif est différent." (Ce à quoi son père acquiesce "Si vous manquez un coup dans ces sports, vous avez une autre chance. C'est différent. Au sumō, il n'y a pas de de seconde chance.") "Le sumō n'est pas juste un sport, c'est un style de vie. Vous ne pouvez pas en faire un peu, c'est tout ou rien."
[Il ne semble pas être nerveux] "Quand vous êtes anxieux, c'est la même zone du cerveau qui vous dit que vous êtes excité. Donc, quand je suis anxieux ou nerveux, je me dis juste que je suis excité et ça passe."
Son père Georgi :
[Quand il a été question d'une carrière dans les autres sports que son fils pratiquait] "Non, on ne gagne pas d'argent là-dedans. Tu as besoin d'un travail."
[Pourquoi pas le sumō alors...] "Ils prennent bien soin de vous là-bas et c'est un travail, on peut gagner de l'argent. Dans d'autres sports, c'est incertain mais au sumō c'est une carrière, ça ira bien pour lui."
[Qu'en pense son épouse et mère du garçon ?] "Elle est d'accord mais elle voudrait garder son petit garçon près d'elle. Elle s'inquiète pour lui. Mais il sait ce qu'il fait, il a une chance à saisir, ça ira pour lui."
[À propos du coût financier de cette année de navette avec le Japon pour une famille avec cinq enfants] "Et bien, si je n'étais pas un fan de sumō, je dirais non je ne fais pas ça. Mais parce que je connais son potentiel j'ai dépensé de l'argent en voyage et hébergement et nous avons été un peu à court l'an dernier. Mais maintenant c'est la heya qui va payer, ce sera plus facile."
Nicholas TARASENKO a commencé le jūdō à 6 ans et a également joué au rugby. Son premier contact avec le sumō, qui s'avèrera être également un moment décisif, remonte à mai 2023 : "Je suis allé en Estonie (dont son père Georgi est originaire) pour rendre visite à ma grand-mère. Mon père connaît un ancien lutteur de sumō qui a atteint le deuxième plus haut grade (ancien ōzeki Baruto/把瑠都) et qui organise un tournoi tous les ans. J'y suis allé et j'ai gagné (-18 ans, 90kg). Mes adversaires étaient difficiles et je me suis surpris moi-même. J'ai compris que le sumō était le sport pour moi.". Il réitèrera d'ailleurs avec succès l'année suivante accompagné de son jeune frère David revenu lui aussi avec des médailles.
En mai 2024, alors au Japon avec son père, il fait la connaissance de Minato oyakata (湊親方, ancien maegashira Minatofuji/湊富士) lors de la fête de fin de tournoi de la heya. Le maître fut impressionné par son gabarit et le jeune garçon exprima de son côté son souhait de devenir professionnel. Il est depuis revenu plusieurs fois au Japon pour participer aux entraînements de la heya. "On ne peut pas communiquer (il ne parle pas japonais), tout se fait par gestes et positionnements." explique alors le maître. La ferveur du jeune Britannique lui a néanmoins assuré la place libre de l'étranger de la heya. Hormis ce problème de langue, mais Nicholas TARASENKO a entre temps commencé l'étude du japonais, même le maître ne voit aucun obstacle à l'adaptation de son nouveau disciple. D'autant que l'adolescent britannique aime la nourriture japonaise, source potentielle de tracas pour les apprentis rikishi étrangers.
Nicholas TARASENKO débutera après une période de stage de 6 mois, soit le plus tôt possible en 2026. D'ici-là, il se familiarisera avec la culture japonaise et celle du sumō professionnel : "On m'a offert une grande chance et j'ai l'intention de donner tout ce que j'ai. J'espère atteindre les premiers rangs.".
Son père Georgi Zilkin (47 ans, propriétaire de bar karaoke) : "Je n'y crois toujours pas. C'est extraordinaire. Je n'en avais même jamais rêvé. Je crois qu'il a assez d'enthousiasme pour aller loin. Il est allé s'entraîner au Japon pendant toutes les vacances scolaires et il a appris le japonais. Il est vraiment très investi."
Scott Findlay, président de British sumo, à la tête de l'équipe britannique de sumō, a entraîné son jeune compatriote avant son départ pour le Japon : "Il est le deuxième à se voir offrir une place dans une heya et le premier c'était en 1989. Tant qu'il se préservera des blessures, je ne vois aucune raison pour qu'il n'atteigne pas les plus hauts rangs. Dès le premier jour, il était clair que Nicholas avait quelque chose d'incroyablement rare. Pas seulement son talent naturel mais un instinct profond du sumō et un niveau de discipline et de concentration au-delà de son âge."
Mise à jour du 17 juin : entretien téléphonique avec le Telegraph
Nicholas TARASENKO :
[À propos de son avenir après sa période de stage] "Je deviendrai professionnel et resterai au Japon pour toujours."
[À propos de son gabarit déjà impressionnant, sachant qu'il vise les 150 kg à la mi-vingtaine] "Je dois encore beaucoup augmenter. Je mange facilement. Je faisais 80 kg l'an dernier, j'ai adopté un régime à 6000 calories par jour et je suis arrivé à 120 kg."
[À propos du rituel karaoke] "Comme je viens d'Angleterre, ils veulent que je chante les Beattles. Donc, je m'entraîne tous les jours."
[À propos de le dureté de la vie en heya et des mésaventures de Nathan Strange voire plus récemment du Canadien Brodick Henderson/Homarenishiki] "Je suis pressé de voir comment mon caractère va évoluer, comment ma mentalité va changer dans un environnement aussi dur. Ma heya a été très gentille et accueillante jusqu'à maintenant. Ils sont durs à l'entraînement mais ce genre de scandale n'arrivera pas là-bas." Son père ajoute : "Ça peut arriver n'importe où. Si vous avez peur des loups, n'allez pas en forêt cueillir des baies, vous voyez ce que je veux dire ? Mais vous avez besoin des baies, vous devez vivre votre vie. Mais, non, je ne suis pas inquiet, il s'entraîne déjà de longues heures et les gens qui s'occupent de lui sont très gentils."
[À propos de la réaction de ses camarades d'école] "Pour être franc, je n'ai pas vraiment d'amis à l'école. Ça ne me tracasse pas trop, personne n'est de bonne influence à l'école. Je me suis fait des amis à la heya mais je garde mes distances."
[À propos du sumō] "Il n'y a pas vraiment de sport comme le sumō. Ce n'est pas comme la boxe, le jūdō ou le jiu-jitsu qui sont tous similaires. Mais au sumō, l'objectif est différent." (Ce à quoi son père acquiesce "Si vous manquez un coup dans ces sports, vous avez une autre chance. C'est différent. Au sumō, il n'y a pas de de seconde chance.") "Le sumō n'est pas juste un sport, c'est un style de vie. Vous ne pouvez pas en faire un peu, c'est tout ou rien."
[Il ne semble pas être nerveux] "Quand vous êtes anxieux, c'est la même zone du cerveau qui vous dit que vous êtes excité. Donc, quand je suis anxieux ou nerveux, je me dis juste que je suis excité et ça passe."
Son père Georgi :
[Quand il a été question d'une carrière dans les autres sports que son fils pratiquait] "Non, on ne gagne pas d'argent là-dedans. Tu as besoin d'un travail."
[Pourquoi pas le sumō alors...] "Ils prennent bien soin de vous là-bas et c'est un travail, on peut gagner de l'argent. Dans d'autres sports, c'est incertain mais au sumō c'est une carrière, ça ira bien pour lui."
[Qu'en pense son épouse et mère du garçon ?] "Elle est d'accord mais elle voudrait garder son petit garçon près d'elle. Elle s'inquiète pour lui. Mais il sait ce qu'il fait, il a une chance à saisir, ça ira pour lui."
[À propos du coût financier de cette année de navette avec le Japon pour une famille avec cinq enfants] "Et bien, si je n'étais pas un fan de sumō, je dirais non je ne fais pas ça. Mais parce que je connais son potentiel j'ai dépensé de l'argent en voyage et hébergement et nous avons été un peu à court l'an dernier. Mais maintenant c'est la heya qui va payer, ce sera plus facile."
Nicholas TARASENKO est en effet le deuxième Britannique à tenter sa chance sur les dōhyō professionnels. On peut lui souhaiter plus de bonheur qu'à son prédécesseur.
Nathan John STRANGE, originaire du Kent, a intégré l'Azumazeki-beya, alors dirigée par l'ancien sekiwake hawaïen Takamiyama/高見山, et a débuté en septembre 1989, en même temps que le futur yokozuna Musashimaru/武蔵丸. Malgré des débuts prometteurs (3-1, 5-2, 4-3), celui qui a combattu sous le shikona de Hidenokuni/英ノ国 (英国/Eigoku : Angleterre, Grande-Bretagne) s'est heurté à la difficulté de l'adaptation, en des temps différents. La nourriture fut un de ses ennemis et il perdit beaucoup de poids à son arrivée au Japon. Outre la dureté de la vie de rikishi, l'attention médiatique dont il fut l'objet en tant que premier rikishi européen lui valut également quelques inimitiés au sein même de sa heya. En mars 1990, il repartit en Grande-Bretagne.
Septembre 1989 | ![]() Avant le maezumō |
![]() Avec Musashimaru (droite) |
![]() La présentation |