lundi 1 mars 2010

Haru basho 2010 : Okinoumi, l'espoir venu des îles

Et voici un autre candidat au rôle de héros du sumô japonais. 24 ans, le visage lisse et fin "comme un masque de kabuki", en train de devenir rapidement très populaire ("Il pourra peut-être faire venir les femmes au sumô.").
Okinoumi est originaire des îles Oki, dans la préfecture de Shimane. Il est le premier rikishi venant de ces îles à atteindre la division makuuchi. Okinoshima (en activité de janvier 1954 à mai 1960) n'est pas allé plus haut que jûryô 7. Quant à la préfecture de Shimane, elle n'avait pas vécu pareil évènement depuis la promotion de  Wakahitachi (en activité de juin 1909 à mars 1931) et Tachinoumi (en activité de janvier 1913 à janvier 1925) en janvier 1922. C'était il y a 88 ans, pendant l'ère Taishô (1912-1926). Bref, Okinoumi est sous surveillance : "Ca met la pression mais je dois être capable de la transformer en force supplémentaire. Avec tout ce soutien chaleureux, je veux prendre un bon départ.".
Lors de son premier tournoi en jûryô il y a tout juste un an, il s'est luxé l'épaule droite et est redescendu en makushita. Les paroles sans indulgence de son maître, Hakkaku oyakata, l'ont encouragé : "Même si tu as mal, entraîne-toi. Douleur ou pas, si tu ne le fais pas tu ne progresseras pas.". D'abord réticent, Okinoumi trouve finalement une libération dans ces mots : "Mon sumô va plus vers l'avant et est plus centré sur l'attaque.". Il revient en jûryô en septembre 2009 et enchaîne trois kachikoshi qui le mènent donc aujourd'hui à la division suprême. Il pratique un sumô de corps à corps à insertion à droite.
Quand on lui demande ses objectifs pour le Haru basho Okinoumi répond : "D'abord le kachikoshi.". Hakkaku oyakata l'admoneste : "Il n'a pas encore suffisamment conscience de ce qu'il est. Même aux entraînements. Il doit viser encore plus haut.". Okinoumi se ravise donc : "Je veux au moins dix victoires pour recevoir le prix de la combativité.".
Okinoumi a débuté en janvier 2005, en même temps que Tochiôzan et Gôeidô qui sont en makuuchi depuis 2007 : "Je veux affronter rapidement mes camarades de promotion. Et devenir un rikishi dont on se souviendra.".
La Hakkakubeya passe le tournoi à Habikino.

Haru basho 2010 : Sagatsukasa, petit mais...

Toyonoshima (1,70m) redevient san'yaku mais perd son titre de plus petit rikishi de la division makuuchi. Il est détrôné par Sagatsukasa (28 ans, Irumagawa) qui est tout simplement le plus petit de l'histoire du sumô à avoir atteint la division reine. Officiellement il mesure 1,67 m (la taille minimale) mais il culminerait en fait à 1,66 m.
Sa croissance s'est arrêtée en deuxième année de collège et il a alors souffert d'un complexe d'infériorité. Il buvait deux litres de lait par jour et se suspendait à une barre de fer. Aujourd'hui il en rit : "Ca n'avait pas de sens. Je me suis démis l'épaule à force de me suspendre à une barre de fer.". La réalité acceptée, il a développé des stratégies de combat pour y pallier.
En 1998, il est alors en deuxième année de lycée, il est devenu yokozuna lycéen. L'ancien yokozuna Asashôryû participait aussi à l'épreuve et a pris la troisième place. Sagatsukasa regrette d'arriver trop tard : "Le yokozuna Asashôryû était vraiment génial, j'aurais voulu l'affronter.".
Aujourd'hui, il a une vison positive de sa taille : "Je veux considérer ma petite taille comme un plus et je vais prouver qu'on peut faire du sumô même si on est petit. Je veux pratiquer un sumô où grâce à ma petite taille je pourrai me faufiler par en desous. Je veux des scores d'au moins dix victoires et devenir san'yaku.".
C'est ce sumô agressif, au tachiai pénétrant partant très bas et aux attaques incessantes, qui lui a ouvert les portes de la division makuuchi : "Je réalise vraiment en voyant mon shikona en lettres plus grosses dans le banzuke. Ca m'a pris du temps [il a débuté il y a tout juste six ans] mais j'ai beaucoup appris.".
Sagatsukasa est plein de combativité et de motivation mais, à déjà 28 ans, pourra-t-il être le sauveur que le sumô japonais se cherche désespérément ? S'il va au bout de ses ambitions, il pourra au moins apporter quelque chose de personnel.
L'Irumagawabeya est à Kishiwada.

[photo de droite : Sagatsukasa s'apprête à signer des autographes et demande le nécessaire à son tsukebito Ikedo. Celui-ci mesure 25 centimètres de plus que Sagatsukasa et pèse 48 kg de plus. Il a débuté aussi en mars 2004 mais n'a jamais dépassé la division jonidan]

Haru basho 2010 : Tokusegawa s'est mis en marche

Tokusegawa (26 ans) accède à la division makuuchi et il est le premier rikishi de la Kiriyamabeya à atteindre ce niveau : "Je suis ravi. Je suis de plus en plus excité.". Le rikishi mongol a fait ses débuts en juillet 2003 et a longtemps piétiné en division sandanme puis makushita. Et puis, en mai 2009 il remporte un zenshô yûshô en makushita, arrive en division jûryô en juillet et en quatre tournois gagne son ticket pour la division makuuchi : "J'ai grossi et on ne peut plus me pousser. Et je peux attaquer en avançant.". En effet, Tokusegawa (1,90m/148) a pris 20 kg entre mars 2007 et mars 2009. Son maître, Kiriyama oyakata (ancien komusubi Kurosegawa) qui se tenait à ses côtés pendant la conférence de presse, est le premier surpris : "Il gagne pour de bon. Il est incroyable.". Et Tokusegawa compte bien continuer : "J'ai besoin de m'entraîner d'avantage. Je veux me stabiliser en makuuchi.".

Haru basho 2010 : Baruto futur ôzeki ?

L'Estonien Baruto s'apprête à entamer son troisième tournoi consécutif en tant que sekiwake et la promotion au rang d'ôzeki est en vue. Le minima requis est de 33 victoires en trois tournois successifs, avec la manière bien sûr. Lors des deux derniers tournois, Baruto a obtenu respectivement neuf et douze victoires. Il lui en faut donc douze au Haru basho. Pour ce qui est de la manière, le Hatsu basho a été plutôt convaincant. Baruto a battu un yokozuna, Hakuhô, pour la première fois, interrompant la série de victoires de ce dernier à 30. Il a aussi montré une certaine capacité à moduler sa façon de combattre en fonction de son adversaire et une assurance digne des meilleurs du banzuke.
En conférence de presse juste après la publication du banzuke, le géant blond s'est d'ailleurs montré confiant et calme devant les journalistes : "Quand on en arrive là, bien sûr qu'on veut devenir ôzeki. J'ai confiance en moi. [...) Si je n'obtiens pas au moins dix victoires, ça sera mauvais. Je vais tout faire pour battre à nouveau le yokozuna et j'ai aussi comme objectif de remporter un yûshô. J'y pense à chaque tournoi. [...] Je suis en forme, avant de venir à Ôsaka, je me suis consacré entièrement aux entraînements. [...] On peut penser que j'en suis proche (de la position d'ôzeki) mais j'en suis loin. [...] Si tout le monde me parle de cette promotion, je vais me crisper. Donc je vais juste pratiquer mon sumô, du premier au dernier jour.".
L'Onoebeya est actuellement installée à Daitô et reprendra les entraînements demain.

Haru basho 2010 : Hakuhô, la solitude du chef

Le départ d'Asashôryû a créé une configuration nouvelle dont on attend des effets positifs, le premier étant un regain de motivation chez les san'yaku. On pense bien sûr à Baruto, en voie d'ôzekisation.
Mais le principal concerné par ce changement est Hakuhô, l'autre et désormais unique yokozuna. D'autant qu'après sa victoire au Hatsu basho, c'est Asashôryû qui aurait dû être yokozuna est, occupant ainsi la place de leader. Par ailleurs, la "forte personnalité" de son aîné sur et hors du dohyô laissait à Hakuhô des moments de calme loin des objectifs des journalistes. Alors, il semble ne pas y avoir beaucoup entre l'unicité et la solitude, car on attend de Hakuhô qu'il assume sa position de leader : "Il y a des gens qui pensent que je suis le plus heureux de cette situation, mais ce n'est pas vrai. J'ai devant moi un chemin difficile, en terme de pression entre autre. Je n'ai plus de repère. C'était comme un soutien et un grand trou s'est ouvert. Tout le monde ne s'en rend peut-être pas compte mais c'est comme ça.". Reste que Hakuhô a déjà été le seul yokozuna, lors des tournois où Asashôryû était forfait : "Ca ira si j'arrive à me servir de cette expérience. Je veux faire ce que j'ai à faire en y mettant toute mon énergie. Je suis décidé à tout faire pour être dans la course au yûshô jusqu'au dernier jour. Et si les résultats suivent, tant mieux.".
Hakuhô est le neuvième yokozuna à être seul en activité.
La Miyaginobeya est à Sakai pour la durée du tournoi.