mercredi 13 janvier 2010

Hatsu basho 2010 : Chiyotaikai intai, conférence de presse

Dans l'après-midi du mercredi 13 janvier (très tôt le matin pour la France), Chiyotaikai, accompagné de Kokonoe oyakata, s'est présenté devant la presse pour parler de son intai. Voici les échanges les plus importants.

Question : Comment en êtes-vous venu à décider de vous retirer ?
Chiyotaikai : Je pensais que ça irait pour un basho mais mon physique n'a pas suivi. Même si je monte sur le dohyô, je n'arrive plus à pratiquer le sumô qui m'est caractéristique. Alors j'ai pensé à l'intai. J'y pense depuis avant-hier soir.

Q : Comment avez-vous appréhendé votre dernier combat contre Kaiô ?
Chiyotaikai : Je suis monté sur le dohyô sereinement avec l'idée de donner tout ce que j'avais en moi.

Q : Vous aviez donné 6 victoires comme limite pour l'intai. Mais vous n'avez pas attendu.
Chiyotaikai : En toute honnêteté, j'avais peur de monter sur le dohyô. J'ai revu des dizaines de fois le combat contre Kaiô et je n'avais jamais vu une telle défaite. Je me suis dit : "N'est-ce pas le moment de te retirer ? ".

Q : Vous êtes resté ôzeki pendant 65 basho, un record.
Chiyotaikai : Je suis très heureux d'avoir duré aussi longtemps. Mais il y a eu beaucoup de kadoban, des forfaits aussi. Ca n'a pas été un parcours d'ôzeki tranquille. Je me suis souvent inquiété en me demandant si j'étais installé ou bien quand j'allais chuter.

Q : En regardant l'époque où vous étiez ôzeki, tant que vos blessures n'étaient pas trop graves, il y a eu des basho où vous avez pu pratiquer votre sumô. Mais dès que vous avez été directement aux prises avec les  blessures, l'âge venant aussi, la guérison a été de plus en plus longue et progressivement vous n'avez plus eu la possibilité de combattre avec votre sumô. Quand vous luttiez contre les blessures, vos tsuppari devenaient inefficaces.
Chiyotaikai : Quand je me suis blessé au genou, je me suis dit que ce serait peut-être mieux d'adopter un sumô de corps à corps. Mais c'était trop tard et c'est une technique trop loin de moi. Alors j'ai décidé de continuer jusqu'à la fin en sumô de poussée.

Q : Vous avez laissé passer l'occasion de devenir yokozuna.
Chiyotaikai : C'était mon rêve depuis que je suis devenu professionnel. Je n'ai pas pu le réaliser parce que j'étais faible mentalement. J'étais nerveux aux moments décisifs. Mais ça a été de bonnes expériences.

Q : Votre plus grand souvenir ?
Chiyotaikai : Le jour où j'ai remporté mon premier yûshô quand j'étais sekiwake. Ce jour-là j'ai affronté 3 fois Wakanohana. Sans cette journée, je crois que l'homme que je suis maintenant n'existerait pas. Avant que ce ne soit mon tour, mon maître m'a dit d'y aller avec l'intention de combattre 3 fois. Et j'ai vraiment combattu 3 fois.

Q : Votre dernier combat a été face à Kaiô.
Chiyotaikai : En tant que rival, en tant qu'aîné, je l'ai beaucoup respecté.

Q :  Quelle était votre situation en tant qu'ôzeki ?
Chiyotaikai : Ma vie a changé quand je suis devenu ôzeki, j'ai appris beaucoup de choses. C'est une très bonne position.

Q : Ce que vous regrettez ?
Chiyotaikai : Je suis reconnaissant envers mon maître de m'avoir laissé combattre même si j'étais redevenu sekiwake. Maintenant je peux tourner la page. Je ne regrette rien.

Q : Et maintenant ?
Chiyotaikai : Dès demain matin, mon travail sera d'être  dans la salle d'entraînement. Je veux mettre mon mawashi et guider les autres. Je voudrais mettre à profit l'expérience que j'ai acquise en activité pour la transmettre en tant qu'oyakata. Je veux faire tout mon possible pour soutenir mon maître en tant que bras droit ou pour former ne serait-ce qu'un grand lutteur.

Q : Vous avez un message de remerciement pour vos fans ?
Chiyotaikai : Je suis extrêmement reconnaissant envers tous ceux qui m'ont soutenu pendant si longtemps. J'ai l'intention de faire de mon mieux pour le développement de la Kokonoe beya et du sumô.

Intai : littéralement "retraite. Le terme japonais reste néanmoins très largement utilisé dans les textes spécialisés en français ou en anglais.
Kadoban : Situation où un ôzeki a été make-koshi au basho précédent et risque de perdre son rang s'il est à nouveau make-koshi au basho suivant. Chiyotaikai est le détenteur du record de kadoban.
Tsuppari : poussées répétées, rapides et violentes infligées alternativement de chaque main au visage ou au torse de l'adversaire. La spécialité de Chiyotaikai.

Sources : Asahi, Sanspo