Février 2013 : HANADA Shigehiro, ancien Tochinoumi, interviewé par le Mainichi. |
Q : Le poids moyen des rikishi de division makuuchi a dépassé les 160 kg.
Tochinoumi/栃ノ海 : Je ne regarde plus trop le sumô ces derniers temps. Je suis désolé mais il n'y a pas de rivalité donc pas de charme. Ce n'est pas intéressant. On lit les résultats dans les journaux et on sait tout. Ce n'est pas la peine de regarder les combats. Hakuhô est très fort. Il n'arrive pas au niveau de Taihô mais il est très souple.
Le 49e yokozuna Tochinoumi/栃ノ海 |
Tochinoumi/栃ノ海 : À notre époque, le sentiment d'appartenance à une ichimon était très fort. Il était très important de ne pas perdre face à une autre ichimon. Les oyakata aussi nous disaient : "Si vous ne donnez pas le meilleur de vous-mêmes, personne ne peut le faire à votre place.". C'était ce genre d'ambiance. Quand j'étais en division makuuchi, on avait des entraînements de cinquante combats. Aujourd'hui, il n'y a plus d'esprit d'ichimon.
Q : Le nombre de heya, qui a un temps dépassé les cinquante, est descendu à quanrante-trois.
Tochinoumi/栃ノ海 : Moins il y a de d'élèves/deshi, moins il y a de heya. Si un élève le quitte, c'est un problème pour son maître et il devient donc plus indulgent. Si le nombre d'élèves diminue, les indemnités versées par la NSK pour l'entretien des rikishi diminuent aussi. On ferme les yeux sur des petites choses, on se dit que si on force trop à l'entraînement les élèves vont peut-être abandonner et rentrer chez eux... Ça ne donne rien de bon. On a l'impression que si on est sévère avec les jeunes d'aujourd'hui, ils ne viendront pas. Le nombre de heya va peut-être encore diminuer. Il est urgent que la NSK réfléchisse à tout ça.
Q : Actuellement, il y aussi beaucoup de rikishi issus du sumô universitaire.
Tochinoumi/栃ノ海 : Il y a des rikishi qui viennent de l'université, qui sont talentueux et progressent dans le classement sans période d'apprentissage des bases. Vous pouvez dépenser beaucoup d'argent pour monter une heya mais si vous n'avez que 5 à 10 élèves, les entraînements ne leur permettront pas de vraiment s'améliorer. Et parmi eux, il y en deux qui sont chargés du chanko. Il faut des entraînements intenses avec 20 à 30 rikishi. Les maîtres ne doivent pas se préoccuper de plaire aux élèves.
Q : Wakanohana/若乃花 a été le dernier yokozuna japonais et depuis, avec le 70e yokozuna Harumafuji, il y a eu quatre yokozuna étrangers consécutifs (NDLT : Musashimaru/武蔵丸 USA, Asahôryû/朝青龍, Hakuhô/白鵬 et Harumafuji/日馬富士 Mongolie).
Tochinoumi/栃ノ海 : Les Japonais doivent être plus combatifs. Il est aussi nécessaire de préparer davantage les jeunes qui arrivent dans cette idée qu'ils sont japonais et que c'est important pour le sumô.
En bref : HANADA Shigehiro/花田 茂広, 49e yokozuna Tochinoumi/栃ノ海. Né le 13 mars 1938, originaire de la préfecture d'Aomori. Entré à la Kasugano-beya, débuts à l'Aki basho 1955. Petit gabarit, spécialiste des attaques rapides avec double prise frontale du mawashi. Promu yokozuna après le Hatsu basho 1964. Trois yûshô en makuuchi. Intai pendant le Kyûshû basho 1966. A repris de la Kasugano-beya en 1990. A été riji. Atteint par la limite d'âge, a pris sa retraite en mars 2003.
Mainichi, propos recueillis par MUTÔ Yoshimasa/武藤 佳正